About

Adrian Geller (born 1997) is a Swiss artist from Basel working in Paris, France. His multidisciplinary practice goes from painting, textile, installation to video and sculpture.

La peinture de paysage. La nature morte. L’espace vide, creux de toute habitation humaine. La peinture tout court, la figurative, la vision du monde vrai du peintre. Celui qui n’est pas touché de la lentille photographique. L’œil qui invente, qui crée des correlations disproportionnées entre les choses. Le peintre il prend son chemin, dans un réseau sans délimitations, juste une vague trace dans l’herbe, des branches brisées et un balisage plus ou moins bien fait. Et il suit la trace sans être certain de la justesse du sentier emprunté fuyant constamment l’angoisse de s’être perdu. Car il n’est pas perdu, il voit le chemin invisible. Il pose les éléments en tâtonnant dans le noir, Le pinceau en avant pour ne pas se cogner. Son chemin est sauvage, inexistant, tout comme son raisonnement. Car il n’a pas encore été figé. Il n’a jamais existé et pourtant la il se dessine sur la toile. Le peintre peint son vrai, qu’il souhaite être celui des autres. L’image du chemin bétonné est celui de predilection des modernes. Dur, tracé et resistant il prête son dos à tout artiste voulant lui emprunter ses images. Au bord de la route les petites déviances se révèlent en lignes du désir, ils ont cherché à quitter la route mais s’y sont rattachés par conviction. Mais l’on voit au loin le cul-de-sac, un mur, des murs entourant le bout de la route. Il semble loin. Nous sommes fatigués de voir nos pieds s’avancer pas à pas sur le goudron noir, ennuyés par le ciel peu changeant et gris. Trop longtemps on nous a fait croire que ce chemin était le mieux car facile, stable et constant. Avançant toujours vers on-ne-sait-quoi, mais toujours vers l’avant. Le progrès constant nous a interdit d’aimer divaguer. Car cela voulait dire de s’arrêter, s’éloigner ou meme de reculer. Nous y étions si longtemps que les bords sont infranchissables. Il est alors aux artistes et, je crois, particulièrement au peintres de baliser un autre sentier. De l’imaginer, de le voir et d’y faire confiance. D’être non post-moderne mais non-moderne. Je sens en moi cette excitation. D’avoir aperçu un trou, une absence de broussaille que je pourrai cultiver en allers-retours oscillants. Car à chaque peinture, je me rêve un peu plus loin.

Landscape painting. Still life. Empty space, devoid of all human habitation. Painting in general, figurative painting, the painter's true vision of the world. One that is not touched by the photographic lens. The eye that invents, that creates disproportionate correlations between things. The painter takes his path, in a boundaryless network, just a vague trail in the grass, broken branches, and a more or less well-made marking. And he follows the trail without being certain of the accuracy of the path taken, constantly fleeing the anxiety of being lost. Because he is not lost, he sees the invisible path. He puts the elements in place by groping in the dark, the brush ahead so as not to bump into things. His path is wild, non-existent, just like his reasoning. Because it has not yet been fixed. It has never existed, and yet it is being drawn on the canvas. The painter paints his truth, which he wishes to be that of others. The image of the paved road is the modern preference. Hard, traced, and resistant, it lends its back to any artist wanting to borrow its images. At the edge of the road, the small deviations reveal themselves as lines of desire. They tried to leave the road but attached themselves to it by conviction. But in the distance, we see the dead end, a wall, walls surrounding the end of the road. It seems far away. We are tired of seeing our feet move step by step on the black asphalt, bored by the unchanging and gray sky. For too long we have been led to believe that this path was the best because it was easy, stable, and constant. Always moving forward towards something unknown, but always forward. Constant progress has prevented us from loving to wander. Because that meant stopping, moving away or even stepping back. We have been there for so long that the edges are impassable. It is up to artists, and I believe particularly to painters, to mark out another path. To imagine it, to see it and to trust it. To be not post-modern but non-modern. I feel this excitement in me. To have had a glimpse of a hole, a lack of undergrowth that I could cultivate in oscillating back and forth. Because with each painting, I dream a little further.

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